Publié le 13 septembre 2017 par La Gazette des Communes.
Alors que Paris vient d’être désigné capitale hôte des JO 2024, la question de l’évaluation des retombées économiques des événements sportifs continue de faire débat. Bonne affaire ou opération à plomber les finances ? Une conférence de la fédération des agences de développement économique s’est penchée sur le sujet et pose la question de la transparence des chiffres annoncés.
Paris vient d’être désigné ville d’accueil des JO 2024. Faut-il pour autant s’en réjouir, après plus de trois échecs? Le débat n’est pas tranché, quand on sait que le budget d’organisation d’un tel événement a quasi-systématiquement explosé les prévisions par le passé. Ainsi, les JO de 2012 ont coûté 11 milliards d’euros à Londres, alors que le budget prévisionnel ne dépassait pas les 5 milliards. Surtout, les retombées économiques n’ont pas du tout été à la hauteur des espérances : elles se sont limitées à 1,72 milliard d’euros, alors que les prévisions annonçaient 12 milliards !
Les chiffres de l’Euro, « pollués » par une communication biaisée
L’an passé, l’organisation de l’Euro de football en France avait rencontré de vives critiques en raison des dépenses importantes engagées par l’Etat et les collectivités territoriales dans la construction et la rénovation des stades. En juin 2016, le député PS Régis Juanico, rapporteur spécial du budget des Sports à l’Assemblée nationale, avait critiqué la façon dont sont souvent menées les études relatives à l’impact de ces grands raouts sportifs.
Selon lui, l’évaluation des politiques publiques est « polluée » par la communication de chiffres peu fiables. « L’étude ex ante pour les championnats d’Europe de football a été réalisée à la suite d’une demande de l’organisateur et financée par ce dernier », déplorait-il devant la commission des Finances.
Un calculateur de performance globale pour mieux maîtriser les coûts…
C’est avec cette toile de fond et la crainte que le coût des JO dérape que le CNER, fédération des agences de développement économique, a organisé un colloque à Paris le 11 septembre sur le thème : « Sport et développement économique : le duo gagnant pour les territoires ? »
L’occasion pour Vincent Larquet, directeur stratégie et développement durable de l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev), de présenter le « calculateur de performance globale ». L’élaboration de cet outil a été co-piloté par le comité régional du tourisme d’Ile-de-France. Doté d’une méthodologie complexe, il doit permettre aux organisateurs d’évaluer les potentielles retombées sociales, fiscales, économiques, environnementales, scientifiques et médiatiques d’un salon, d’un congrès, d’une manifestation culturelle ou sportive.
Le calculateur a déjà été utilisé lors de la Cop 21 et lors du Jumping International de Bordeaux, un événement de sport équestre. Selon Vincent Larquet, il doit aider à « mieux faire accepter l’investissement » dans ces raouts sportifs… Et alerter la population ou les partenaires publics d’une manifestation, en cas de fiasco environnemental ou économique annoncé?
…Mais qui manque de transparence
Pas forcément, car rien n’oblige les organisateurs à dévoiler publiquement les résultats du calculateur. « La transparence a ses limites rétorque Vincent Larquet. Si on est transparent, on ne fait plus rien… » Ce manque de contrôle peut poser question. Et l’Unimev, qui « œuvre pour la défense des intérêts » de sa filière, n’est-elle pas juge et partie en calculant elle-même les retombées potentielles des événements ? Régis Juanico, lui, préconisait que l’Etat « généralise et pilote directement les évaluations des retombées » des grandes manifestations sportives pour se prémunir de tout problème d’indépendance de l’expertise.
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